Datations C-14 d’un gisement néolithique du Sud de la France
Jean Guilaine
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J GUltA l NE
(France)
Datations C14 d'un gisement néolithique
du Sud de la France
Il est à présent admis Que l'app'lri t ion des premières civilisations néolithiques sur les rives de la Mediterranée occidentaie est plus ancienne
que ce Que l'on pensait encore ces dernières années , Plusieurs datations
par la méthode du Radiocarbone ont en effet remis en question les systémes basés. sur des chronologies courtes et de nouveaux systèmes fon dés sur des chronologies plus ~étil'ées» ont été ébauchés çà et là, se confirmant chaque iour davantage par de nouvelles données ,
Dans le Midi de la France de nombreux gisements du Néolithique
ancien (à céramique .. cardiale» ou .... impressu) sont connus depuis la
Ligurie iusqu'aux Pyrénées. A côté de quelques «noyaux géogr.. phiQueslO
importants (Provence, vallée du Gardon), le Languedoc: occidental-Roussillon a longtemps fait figure, sur les ca rtes de ré?;lrtition, de zone délaISSée. En fait il n'en est rien puisque des fragments de céramiques cardiales ou imprimées ont été rencontrés. dans plusieurs gisements: grotte
dp Bonnefont (Saint-Etienne d'Albagnan, Hérault). grotte de Fauzan
(Cesseras, Hérault), Petite Grotte de Bize (Aude), grotte de la Crouzade (Gruissan, Aude), grote des Fées (Leucate, Aude), grotte de Ga:el
(Sallèles·Cabardés, Aude) , grotte de las Mor ts (Fougax, Ariège), Cava de
l'Espéri! (Salses, Pyrénées-Orien tales), Balma Margineda (Andorre), etc.
A tes d,vers siles ayant livré des documents du débu t des !",mps néo
lithiques, nous en alouterons un nouveau Qui vient d e révéler son an CIenneté par une matériel typique de celle période et aussi deux datations au Carbone 14 de haut intérê t.
-
~S -
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NOI.Q pr~nterons rapidemen t le si te.
l 'abri de JQn · C.os est siTue a proximite de la rOUII d'interet communal 14 entre 1.5 loulltes de Clermont-sur' Lauquet et de Laba$lideen-V.I (A\lde), quelques 200 m. "U SW de la méTairie Jean-Cros.
n s'agit d'un surplomb constiTué dans les poudlngue~ du lUTetien par
un koulement d'uu provenant du plaTeau. l'abri a un dt!veloppement
de 15 m. pour une profondeur moyenne de 1-8 m. Sa voûte, progreSSIV1.'menl Irès surbalssbe, w confond en petits diverticules dont la limite n'a
pu être ex&c:Tement "XH
l 'alluvionnement a pu se t .. ire ~r les coulees provenant de la rewrgence Intermittente (liée aux pluies) au fond W de la cavité et egalemenT ~r les depllls issus au N de la penle topographique a"entuee du
type cOOe d'éboulos.
Apres carroyage de l'abri, un sondage a eTé entr!!?,ls dlns les urrés
VII1 -4, VIII·5, IX·4, IX·5. Nous y avons relevé la Uratigr.. phie suivante ·
;Ï 0,00 m.: sol sableaux vegétal;
- il 0,10 m .. IiI de galets,
.Ii 0,1 Z m,: argile lassee el mi!lee, sur u~ forle ~aisseur, 11 des
blocs de poudingue de dimensions variables;
;Ï 0,10 m. : foyer il .heh" nernoralisa;
il 0,90 m.: argile uéril" avec bloui1le de poudingue;
- il I,ZO m.: fin du sondage.
NOU$ n'avons pu pOUrsuivre nos travaux en pr~ur ur nou:s som·
mes a..êtès paf des blocs assez yolumlneux correspondant il des chutes
ou éboulement1 loc .. ux liés il un cycle d'érosion méCiilnique.
La f~r nt!o1ith'que découvert (nlvuux Za, 2b, 2c) a u~ épIIlsseu'
moyenne de 0,20 m, sans .ucune interruption mMlifeste dans le temps.
La lerre est noire, grasse, charbonneuse. Elle presente 1. particulariTe
d'être lI11er.lement pélrie d'helix nemoral;s. Les préhistoriques par.i"ent
!IVOÏ. arn&nagé Jeur foyer dans les ,nterv.lles !l.llSés pal les blocs qui pIIr·
$I!mIient le site il Jeur arrivée.
Une ét\lde dét.lllie du matenel recueilli dlns ce foy1lr se.a publiée
ultérieurement. Nous donnerons seulement id les caraCTéri$liques essen'
tielles du mobilier:
- la ceramique, d 'usage visiblement limiTe, se réduit il des 115Ioons
parfois Ires fragmentés, toujours assez corrodes. Ces fragments, toujours
inornés, appartiennent, sauf quelques us, à des rêcipients d'assez tort
voIume_ lA pate ul grossiè,., avec elèmen l5 dégraiSSOlnts calcaires par·
fois vISibles.
- l'outillage lithique est abondant et de Ta ille il tendance microli.
thique. Il y .. essentiellement de nombreux êclats et quelques lamelles
_14_
[page-n-77]
,
mal "mues. Les seulH pikes relouchée$ $01'11 les fliches. Ioules hanch.ntes, mais de deux types. ;\ retouche margmale abrupte, .1 relouche
demi-envah'ssante. Nous avions un moment pensl!: que ce deuxième type
dhlotilil une influence tardive d.lns ce néolithique (dani le slyle des fléchu I, .. nchantes .. chasséenneu il retouche couvrante) En fait i( s'agll
d'!Mlllvemenh lM billes gagnant en surf.ce vers le centre de la pièce
et seul<'!ment SUt la face dorsale. Ce type d'a' ..... lure eU connu dans plusleu., lites mésoUthiq,..u~$ iltt.1.d6s d'Age déjà néolithique. Il semble donc
que III retouche abrupte ne soit pliS le type exclusif de retoucl1e dans la
technique de taille du Néolithique ancien.
- ,. n'y.l pa$ d'objets polis dans le mittrieJ recueilli ;\ ce Jou,.
_ l'outillage O$seux .. donne quelques poinçons, une belle aiguille
e l un objet double mi-poinçOrl mi-spatule "illé vfaiilembl.blement dans
une C/ln'ne de $anglier.
la faune, soigneusement étudift par M. M . Emile Heinn et L Gins·
burg (du Laboratoire de Pal6onlologie du Museum Niltional d'Histoire
NiltureUe , Pilris) --que nous remerdons bien vlvtment- a ~, dans
les niveaux Qui l'IOI.I$ occupent:
Cervus elilphus (cerf).
Capra hir(\.Os (chèvre).
c..preolus upreolus (chevreuH).
Bo$ taurlA (boeuf).
Sus serola (sanglier).
Martes martes (ma ,tre).
Les détermi"",'ions chronologiques par la m6thode du Radiocarbone
onl 61é réalisées -grace il l'obligeance de MMiame G. Delibnu el de
M. Giot- au Uboraioire du Radiourbone du Commisariat 4 l'Energie
Atom ique du C.N.R.S. (Centre des Filibles Rid iOi!ctivitM de Gif·wr·
Yvette, Seine·et·Oise, France). EUes ont donn6 comme rt!wltat;
6.540 ± 300
soit
4.590 IIvant J. C.
Une premi6re pr6parilti(ln .. ur.. il donné pour résultat
6.400 :1:
300
4.450 avant J. C.
•
••
EsI·iI besoin de: souligne. 1"nI6.6, du sile l..-.guedocien de Jnn·Cros?
Ces premiers rés.ultillS i1pporlent une Série de données nouvelles don'
nous dé t... cherons l'essen tiel.
- Ces datations appor ten l une confirmation aUX sysl""es fondés
w, des chronologies longues conce"",nl le Néolithique ancien da la M6·
diterrVlN occidentate. Il est désormais cerlll;n que les phénomènes de
-TI-
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•
n~oht"iSilliClrl
ont eu neu dans CliS .igloos des le Vème m,II~"e, Hlon
des méthodes propres IIUX diverHS contrées. ûrte5 ln .ecurr!!"c.$ mé·
lOIithiques paraiuenl fo
de vie. Nous $OI'I"ImeS, semble- t'H, davantage dans un ~Pré·néoli lhiqun,
selon l'expression d'Arlette Leroj· Gourhan, que dans un N60llthlque ac compli.
- Dès cette époque, comme cela il pu et.e .emill.qué dans d'iut.es
sites, des traces d'élev~e SOI'1I possibles (présence de 80s I.u'us el de
C.prôl hircus) . Ces remarques poumll!!n! pleinement COr"Ifirme. IH obser.
valions de P. Ducos sur Iii 'eune des gisements de o.Ateaune",f·lH-Marligues el de Roucadou • .., fonction desquelles la domestiation de ce.lames especes est plus .nci!!nne C/UII ce qui elalt (OI'I'Imtmhnent admis.
D.lns le cu de l'abri de Jean-Cros il est toutefois possible que nous nous
trOUVIons en prisente d'espkes encore chassees.
1. ROUI< et Ar. leroj·Gourh." attribuent'; la pratique de l'élev.ge lu
dilfrichements de la période ~thln l ique . De ce côté il serail de grand Intérêt d'avoir lu résultats des déterminations palynologiques de noire gl·
sement (des prélèvements ont été effectués en 1964 e t t ransmis au Mu seum National d'Histoire Na turelle mais les résultats ne nous on t pas eté
communiqués ;li ce lour) .
_ La présence .~nte d'helix nemoralls dans le foyer de JeanCros nous amène .i mettre en parallèle ce site Ivec d'aulres gisements
;li e$Cargots des Pyrhlées tels le Mas d'Azil, la Spugo de Gomtles ou Aru dy. le Nëo!ithique ancien de Jean·Cros ne serait-II pas contempDfain
-tout au moins en Pl'rti_ de l'Arisien de Piette ou de l'Aruc!len Il
fiNI de Laplace' Nous touchons en fait ici il un problime complexe étant
donné la particularité de certains groupes mm- et pOSt-mésolithiques
l'Nisien de Plette est trop m;ol dMin; pour que nous pu issions nous en
faire une i~ exacte. Dan l'Aruelien final de Laplace, la poterl' n'apparait pas et ne se montrera que dans une couche d, transition d'âg.e énkllithique donc bien plus tardive que ln datations qui nous sont proposees
/1 Jean-Cros.
Ajoutons Il propos des couches .i hehx que L. Méroc a également observé dans plusieurs grOlles pyrhléflnnes des amas de coquilles d'escargots dans des contextes .rchtk>logiques tardifs en penu. .i un genre de
vie mésoli t hique s'étant perpétué longuement dans le Ntk>lilhique montagNrd . Q.,.oiqu'iI en soit, l'abri de Jean-Cros vient allonger, dans le
monde sous-pyrénéen, Iii liSle des sites ntk>lilhiques .... liI il hehx et Il se
trouve, de plus, ftre géographiquement le plus .,médilerr..,éen. de ces
derniers.
- Comme dans la plupart des sites méridionaux du Nlolilh ique ancien, l'outillage présente des caractères tardenoisiens accul és Or la prf·
_ 78 _
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,
senee d'une re touch e sem;-envahiuanle n'apparaît guère il Chateauneuf
où les couches niolithlques gardent une Industrie il retouche abrupte. Par
COlltre 11 la &ume de Montclus, dans le Gard, cette retouche demi-envahissante apparaît de m6me qu'à la Cova de l'Esp4!rit en Roussillon (ou
dans les sites de Sauveterre) . Ces remarques semblen t indiquer que l'inoost.ie lithique des premiers groupes néolithiques mêridionaux est moins
homogène Que ce Que l'on pOUr,ait croire e t garde, selon les réglons, les
«rac leres Irôlditionnels hérités du Mêsol lthique local.
Ceci a amené M. Esc.1lon de Fonton il parler de civilisation indigène
il propOS du cardial provençal. Il semble bien, en effel, avec le progres
de nos connaissances, que les civilisations néolithiques de la MMite., ..·
née occidentale procêdent, en grande partie, aulanl dans l'équipement
lithique et osseux que dans le genre de vie, des civilisa tions indigènes
antérieures. Face à cela la poterie fait ligure d'élément intrus'! doot la
significa tion et l'importance au seÎn des civili:;.ations divise encore beau·
coup de chercheurs.
En l'état actuel de la question ---qui n'est pas toujours trè~ nettedes phénomènes d'acculturation des civilisations més.olit'uques ne sauraient être écartés. MaÎs pour bien déterminer, entre Méd iterranée et
Garonne plus précisement, lesdits phénomènes, Il conviendraiT de con·
nait,e exactemen t ce que ''Present.. le Mésolithique local. Or notre do·
cumentation sur ce sujet est pour l'instant, dans le cadre que nous ve·
nons d'énoncer, assez; fragmentai,e,
BIBLIOGRAPHIE GENERAlE
,i,.
e,
J. A(ln.A,NET
R. p . CHARLES, "Un
du Néollfhl _ onei ....... Rou,,;I""', 10 C"""
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Polios, VIII , Tou_, 1959, p . 3.
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ilo, .. fouill ... 11951-1958)".
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p, DUCOS: "Le gl ..
"'" de """"eslicotion
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H
,
- 71-
[page-n-80]
•
M ESCALON DE feNTON: "la I l ' - ' prjhk,oriquo cM 10 G...n.6olocl ........... 13, _'poille<, lQ6.1 p. 255
J GUILAINE; "R«I ... cNo .... la "'-1Oit. rkoon •• du ~ _
en 1963",
ean+. .. lIgur. ck """"01"'.1 d'~Itr."""'- 13, Mon'poI' ..... 1964, p. 267
J. GUILAINE: "Lo Il'''''. do Go..l /1 501164..·Cobo ...... (AI.IdorI. No •• p<';J!fnino,r.......
lM n .......... du ~ohthl""'e 0ftC;e" (i00i,1''' 1964.19651", P~IOi .. er ~~
,,"_,g'
gl.
1vie900'_. r. XX, T"'osc .........,. AtWOIlO'. 1965.
p.
129.
"""é""""".t
Soc"", P,jhl.1Or1quo FrançoIM, 1.l, 1'<1,1.
G. LAl'1..ACE: "La couc.hn /1 _ g o ..
lIlI" cM P,ene", B,,'I lIO 199.
da~....
prOb_ dol
"I\tl
19B, po-
""'!QUO'"
Ha.....- do 10 CIn:o
P.......IOr_ dit T......... •
..", GeU ... , XIlI, Potl .. 1955, ... 121 "' XV. Pan... 1951. p . 106.
L Mf ROC: -Ln ........... 6
do 10 Spugo de Got!'!a", Bu'leow, do 10 SoeIiM
d'Eludes •• Ro;:hotct>es Pfihlstor;q.- da Eyzl.., nutI'I. 7, 195'l, p. 1.
e. 'lETTE; "Etudn d'[.""'ooropi.I. P,'hI"O<\QIII" , L'An,IYopo'OIIItr, VI, Poris, 1895, pa !ItI 216.
L MEROC:
_""gO!'
ROUX "' A.. LEROI.GOURHI\N; "t... "'''~'" do 10 pModoo O'lon.Iquo", 1IuI·
"''''' do 10 ~,' P""istorioQo>o F....-;01 ... \.XI, 1'0<;", 1964, p )()9,
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J GUltA l NE
(France)
Datations C14 d'un gisement néolithique
du Sud de la France
Il est à présent admis Que l'app'lri t ion des premières civilisations néolithiques sur les rives de la Mediterranée occidentaie est plus ancienne
que ce Que l'on pensait encore ces dernières années , Plusieurs datations
par la méthode du Radiocarbone ont en effet remis en question les systémes basés. sur des chronologies courtes et de nouveaux systèmes fon dés sur des chronologies plus ~étil'ées» ont été ébauchés çà et là, se confirmant chaque iour davantage par de nouvelles données ,
Dans le Midi de la France de nombreux gisements du Néolithique
ancien (à céramique .. cardiale» ou .... impressu) sont connus depuis la
Ligurie iusqu'aux Pyrénées. A côté de quelques «noyaux géogr.. phiQueslO
importants (Provence, vallée du Gardon), le Languedoc: occidental-Roussillon a longtemps fait figure, sur les ca rtes de ré?;lrtition, de zone délaISSée. En fait il n'en est rien puisque des fragments de céramiques cardiales ou imprimées ont été rencontrés. dans plusieurs gisements: grotte
dp Bonnefont (Saint-Etienne d'Albagnan, Hérault). grotte de Fauzan
(Cesseras, Hérault), Petite Grotte de Bize (Aude), grotte de la Crouzade (Gruissan, Aude), grote des Fées (Leucate, Aude), grotte de Ga:el
(Sallèles·Cabardés, Aude) , grotte de las Mor ts (Fougax, Ariège), Cava de
l'Espéri! (Salses, Pyrénées-Orien tales), Balma Margineda (Andorre), etc.
A tes d,vers siles ayant livré des documents du débu t des !",mps néo
lithiques, nous en alouterons un nouveau Qui vient d e révéler son an CIenneté par une matériel typique de celle période et aussi deux datations au Carbone 14 de haut intérê t.
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NOI.Q pr~nterons rapidemen t le si te.
l 'abri de JQn · C.os est siTue a proximite de la rOUII d'interet communal 14 entre 1.5 loulltes de Clermont-sur' Lauquet et de Laba$lideen-V.I (A\lde), quelques 200 m. "U SW de la méTairie Jean-Cros.
n s'agit d'un surplomb constiTué dans les poudlngue~ du lUTetien par
un koulement d'uu provenant du plaTeau. l'abri a un dt!veloppement
de 15 m. pour une profondeur moyenne de 1-8 m. Sa voûte, progreSSIV1.'menl Irès surbalssbe, w confond en petits diverticules dont la limite n'a
pu être ex&c:Tement "XH
l 'alluvionnement a pu se t .. ire ~r les coulees provenant de la rewrgence Intermittente (liée aux pluies) au fond W de la cavité et egalemenT ~r les depllls issus au N de la penle topographique a"entuee du
type cOOe d'éboulos.
Apres carroyage de l'abri, un sondage a eTé entr!!?,ls dlns les urrés
VII1 -4, VIII·5, IX·4, IX·5. Nous y avons relevé la Uratigr.. phie suivante ·
;Ï 0,00 m.: sol sableaux vegétal;
- il 0,10 m .. IiI de galets,
.Ii 0,1 Z m,: argile lassee el mi!lee, sur u~ forle ~aisseur, 11 des
blocs de poudingue de dimensions variables;
;Ï 0,10 m. : foyer il .heh" nernoralisa;
il 0,90 m.: argile uéril" avec bloui1le de poudingue;
- il I,ZO m.: fin du sondage.
NOU$ n'avons pu pOUrsuivre nos travaux en pr~ur ur nou:s som·
mes a..êtès paf des blocs assez yolumlneux correspondant il des chutes
ou éboulement1 loc .. ux liés il un cycle d'érosion méCiilnique.
La f~r nt!o1ith'que découvert (nlvuux Za, 2b, 2c) a u~ épIIlsseu'
moyenne de 0,20 m, sans .ucune interruption mMlifeste dans le temps.
La lerre est noire, grasse, charbonneuse. Elle presente 1. particulariTe
d'être lI11er.lement pélrie d'helix nemoral;s. Les préhistoriques par.i"ent
!IVOÏ. arn&nagé Jeur foyer dans les ,nterv.lles !l.llSés pal les blocs qui pIIr·
$I!mIient le site il Jeur arrivée.
Une ét\lde dét.lllie du matenel recueilli dlns ce foy1lr se.a publiée
ultérieurement. Nous donnerons seulement id les caraCTéri$liques essen'
tielles du mobilier:
- la ceramique, d 'usage visiblement limiTe, se réduit il des 115Ioons
parfois Ires fragmentés, toujours assez corrodes. Ces fragments, toujours
inornés, appartiennent, sauf quelques us, à des rêcipients d'assez tort
voIume_ lA pate ul grossiè,., avec elèmen l5 dégraiSSOlnts calcaires par·
fois vISibles.
- l'outillage lithique est abondant et de Ta ille il tendance microli.
thique. Il y .. essentiellement de nombreux êclats et quelques lamelles
_14_
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,
mal "mues. Les seulH pikes relouchée$ $01'11 les fliches. Ioules hanch.ntes, mais de deux types. ;\ retouche margmale abrupte, .1 relouche
demi-envah'ssante. Nous avions un moment pensl!: que ce deuxième type
dhlotilil une influence tardive d.lns ce néolithique (dani le slyle des fléchu I, .. nchantes .. chasséenneu il retouche couvrante) En fait i( s'agll
d'!Mlllvemenh lM billes gagnant en surf.ce vers le centre de la pièce
et seul<'!ment SUt la face dorsale. Ce type d'a' ..... lure eU connu dans plusleu., lites mésoUthiq,..u~$ iltt.1.d6s d'Age déjà néolithique. Il semble donc
que III retouche abrupte ne soit pliS le type exclusif de retoucl1e dans la
technique de taille du Néolithique ancien.
- ,. n'y.l pa$ d'objets polis dans le mittrieJ recueilli ;\ ce Jou,.
_ l'outillage O$seux .. donne quelques poinçons, une belle aiguille
e l un objet double mi-poinçOrl mi-spatule "illé vfaiilembl.blement dans
une C/ln'ne de $anglier.
la faune, soigneusement étudift par M. M . Emile Heinn et L Gins·
burg (du Laboratoire de Pal6onlologie du Museum Niltional d'Histoire
NiltureUe , Pilris) --que nous remerdons bien vlvtment- a ~, dans
les niveaux Qui l'IOI.I$ occupent:
Cervus elilphus (cerf).
Capra hir(\.Os (chèvre).
c..preolus upreolus (chevreuH).
Bo$ taurlA (boeuf).
Sus serola (sanglier).
Martes martes (ma ,tre).
Les détermi"",'ions chronologiques par la m6thode du Radiocarbone
onl 61é réalisées -grace il l'obligeance de MMiame G. Delibnu el de
M. Giot- au Uboraioire du Radiourbone du Commisariat 4 l'Energie
Atom ique du C.N.R.S. (Centre des Filibles Rid iOi!ctivitM de Gif·wr·
Yvette, Seine·et·Oise, France). EUes ont donn6 comme rt!wltat;
6.540 ± 300
soit
4.590 IIvant J. C.
Une premi6re pr6parilti(ln .. ur.. il donné pour résultat
6.400 :1:
300
4.450 avant J. C.
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EsI·iI besoin de: souligne. 1"nI6.6, du sile l..-.guedocien de Jnn·Cros?
Ces premiers rés.ultillS i1pporlent une Série de données nouvelles don'
nous dé t... cherons l'essen tiel.
- Ces datations appor ten l une confirmation aUX sysl""es fondés
w, des chronologies longues conce"",nl le Néolithique ancien da la M6·
diterrVlN occidentate. Il est désormais cerlll;n que les phénomènes de
-TI-
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n~oht"iSilliClrl
ont eu neu dans CliS .igloos des le Vème m,II~"e, Hlon
des méthodes propres IIUX diverHS contrées. ûrte5 ln .ecurr!!"c.$ mé·
lOIithiques paraiuenl fo
selon l'expression d'Arlette Leroj· Gourhan, que dans un N60llthlque ac compli.
- Dès cette époque, comme cela il pu et.e .emill.qué dans d'iut.es
sites, des traces d'élev~e SOI'1I possibles (présence de 80s I.u'us el de
C.prôl hircus) . Ces remarques poumll!!n! pleinement COr"Ifirme. IH obser.
valions de P. Ducos sur Iii 'eune des gisements de o.Ateaune",f·lH-Marligues el de Roucadou • .., fonction desquelles la domestiation de ce.lames especes est plus .nci!!nne C/UII ce qui elalt (OI'I'Imtmhnent admis.
D.lns le cu de l'abri de Jean-Cros il est toutefois possible que nous nous
trOUVIons en prisente d'espkes encore chassees.
1. ROUI< et Ar. leroj·Gourh." attribuent'; la pratique de l'élev.ge lu
dilfrichements de la période ~thln l ique . De ce côté il serail de grand Intérêt d'avoir lu résultats des déterminations palynologiques de noire gl·
sement (des prélèvements ont été effectués en 1964 e t t ransmis au Mu seum National d'Histoire Na turelle mais les résultats ne nous on t pas eté
communiqués ;li ce lour) .
_ La présence .~nte d'helix nemoralls dans le foyer de JeanCros nous amène .i mettre en parallèle ce site Ivec d'aulres gisements
;li e$Cargots des Pyrhlées tels le Mas d'Azil, la Spugo de Gomtles ou Aru dy. le Nëo!ithique ancien de Jean·Cros ne serait-II pas contempDfain
-tout au moins en Pl'rti_ de l'Arisien de Piette ou de l'Aruc!len Il
fiNI de Laplace' Nous touchons en fait ici il un problime complexe étant
donné la particularité de certains groupes mm- et pOSt-mésolithiques
l'Nisien de Plette est trop m;ol dMin; pour que nous pu issions nous en
faire une i~ exacte. Dan l'Aruelien final de Laplace, la poterl' n'apparait pas et ne se montrera que dans une couche d, transition d'âg.e énkllithique donc bien plus tardive que ln datations qui nous sont proposees
/1 Jean-Cros.
Ajoutons Il propos des couches .i hehx que L. Méroc a également observé dans plusieurs grOlles pyrhléflnnes des amas de coquilles d'escargots dans des contextes .rchtk>logiques tardifs en penu. .i un genre de
vie mésoli t hique s'étant perpétué longuement dans le Ntk>lilhique montagNrd . Q.,.oiqu'iI en soit, l'abri de Jean-Cros vient allonger, dans le
monde sous-pyrénéen, Iii liSle des sites ntk>lilhiques .... liI il hehx et Il se
trouve, de plus, ftre géographiquement le plus .,médilerr..,éen. de ces
derniers.
- Comme dans la plupart des sites méridionaux du Nlolilh ique ancien, l'outillage présente des caractères tardenoisiens accul és Or la prf·
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,
senee d'une re touch e sem;-envahiuanle n'apparaît guère il Chateauneuf
où les couches niolithlques gardent une Industrie il retouche abrupte. Par
COlltre 11 la &ume de Montclus, dans le Gard, cette retouche demi-envahissante apparaît de m6me qu'à la Cova de l'Esp4!rit en Roussillon (ou
dans les sites de Sauveterre) . Ces remarques semblen t indiquer que l'inoost.ie lithique des premiers groupes néolithiques mêridionaux est moins
homogène Que ce Que l'on pOUr,ait croire e t garde, selon les réglons, les
«rac leres Irôlditionnels hérités du Mêsol lthique local.
Ceci a amené M. Esc.1lon de Fonton il parler de civilisation indigène
il propOS du cardial provençal. Il semble bien, en effel, avec le progres
de nos connaissances, que les civilisations néolithiques de la MMite., ..·
née occidentale procêdent, en grande partie, aulanl dans l'équipement
lithique et osseux que dans le genre de vie, des civilisa tions indigènes
antérieures. Face à cela la poterie fait ligure d'élément intrus'! doot la
significa tion et l'importance au seÎn des civili:;.ations divise encore beau·
coup de chercheurs.
En l'état actuel de la question ---qui n'est pas toujours trè~ nettedes phénomènes d'acculturation des civilisations més.olit'uques ne sauraient être écartés. MaÎs pour bien déterminer, entre Méd iterranée et
Garonne plus précisement, lesdits phénomènes, Il conviendraiT de con·
nait,e exactemen t ce que ''Present.. le Mésolithique local. Or notre do·
cumentation sur ce sujet est pour l'instant, dans le cadre que nous ve·
nons d'énoncer, assez; fragmentai,e,
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